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"Tout est faux" : interview avec le réalisateur Jean-Marie Villeneuve

Publié par Les Nouveaux Cinéphiles sur 17 Septembre 2014, 06:42am

Catégories : #News

tt-est-faux.jpgCoup de projecteur sur un long métrage, toujours en quête d'un distributeur, qui sortira sur un écran parisien (le Saint André des Arts) cette semaine : Tout est faux, premier long métrage de Jean-Marie Villeneuve. 

Un premier film inventif, audacieux, avec d'intéressants et originaux partis pris de mise en scène, prenant pour cadre les élections de 2012 à Paris. 

Le film suit les errances de Fred, un homme seul dans Paris, au moment des élections présidentielles 2012. Face à un monde de plus en plus faux, il va se créer sa propre réalité...

 

Jean-Marie Villeneuve, réalisateur, a accepté de répondre à quelques questions autour de la sortie du film :

 

A quand remonte le début du projet « Tout est faux » ? Quel en a été le point de départ?

Tout est Faux remonte à novembre 2011. Je venais de recevoir quelques mois plus tôt des retours négatifs sur des courts métrages envoyés en festival et sur des scénarios dont "Duvetman" que j'avais proposé au CNC. J'avais le sentiment d'être dans une impasse. Un pote m'a conseillé d'essayer de faire un long par mes propres moyens, prétextant notamment qu'avec un long les enjeux seraient différents par la suite. J'avais des bouts de scénarios à gauche à droite et l'arrivée des élections a cimenté ses différentes idées. Les élections s'annonçaient une nouvelle fois "selon moi" pathétiques avec de faux espoirs. J'avais envie de laisser une trace de ce grand mensonge. "Mon combat contre le monde la Finance" : Quelle blague ! 

 

Comment avez-vous trouvé votre comédien principal ?

J'ai proposé le premier rôle de Tout est Faux à un premier comédien qui a refusé le rôle, puis je me suis mis à la recherche de mes comédiens sur la plateforme "cineaste.org". 300 comédiens ont répondu à l'annonce pour les différents rôles. Frédéric Bayer Azem s'est imposé comme une évidence pour le rôle principal. 

 

« Tout est faux » est un film qu’on pourrait qualifier « hors système ». Est-ce qu’il a été compliqué d’arriver au terme de votre projet et pourquoi ? Avez-vous rencontré beaucoup d’embuches ?

Réaliser un film auto produit est un vrai casse tête. Ne pas avoir d'argent est un problème pour différentes choses. On ne peut pas se bloquer une rue, réserver une laverie pour y tourner une séquence... tourner dans le réel, en extérieur est compliqué car les gens s'arrêtent devant la caméra, demande pourquoi ça tourne et parfois empêche même le tournage sans raison.

Sans argent, il est également difficile de s'entourer d'une bonne équipe de technicien. Ce genre de savoir se paie et c'est normal. Du coup, j'ai dû faire un peu seul beaucoup de choses que je ne maîtrisais pas comme la lumière ou l'étalonnage. J'ai monté le film mais je ne suis pas un pro de ce domaine. Chose toute bête : même la réalisation d'un DVD en qualité optimale du film pour le montrer à des distributeurs ou à la presse n'a pas été simple.

Au final, durant le tournage nous n'avons jamais été plus de 3 derrière la caméra (moi au cadre, un gars au son (dont ce n'est pas le métier) et parfois un ami pour garder des sacs). Sur la séquence dans le meeting de Sarkozy, je suis seul avec le comédien principal. Je faisais moi même une petite régie. Pour la séquence à vélo, je suis moi même sur un vélo à cadrer et j'essaie même par moment de tenir un petite lumière en lâchant le guidon pour éclairer mes personnages. Tout cela est assez stressant et parfois frustrant quand on a le sentiment qu'avec du blé ce serait nettement mieux. 

 

Le film « Donoma », il y a quelques temps, a également été tourné en marge du système. Vous trouvez vous des points communs avec un film comme celui-là (ou peut être d’autres peut être moins médiatisés que celui-là) ? 

J'ai vu Donoma que j'ai beaucoup aimé. Même si j'y vois quelques longueurs, je sens beaucoup de liberté et de créativité dans ce film avec des comédiens formidables. Donoma a été l'une des sources de motivation pour réaliser Tout est Faux : l'espoir que le film puisse ensuite être vu au delà du cercle d'amis. 

Ce n'est pas vraiment le prix qu'il faut comparer mais les moyens humains. Tu peux faire un film à 0 euros avec 100 bénévoles, du matos prêté et au final obtenir un film qui a la même gueule qu'un film qui été tourné avec 1 million d'euros. Tout est Faux est pauvre en moyen humain, très pauvre

 

Vous avez adopté une stratégie intéressante pour diffuser votre film et le faire connaître. Pouvez-vous nous en parler ?

Pour faire connaître le film au delà d'une source évidente comme Facebook, j'ai surtout beaucoup démarché la presse pour avoir un retour sur le film, pour qu'eux même en parlent. Clément Graminiès de Critikat et Marie-Pauline Mollaret d'Écran Noir ont été les premiers à écrire dessus. J'ai eu la chance de très vite tomber sur le cinéma le Saint André des Arts en début d'année 2014 qui m'a proposé de le sortir dans le cadre de "leurs découvertes". J'ai envoyé le film en festival. Il a été sélectionné notamment à Hambourg, en Argentine et au Mexique.

Je suis malgré tout toujours en recherche d'un distributeur pour que le film soit vu au delà du Saint André des Arts. Bref, le combat (même si je n'aime pas ce mot) est loin d'être terminé. 

 

La bande-annonce de "Tout est faux" :


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